lost river

  • Typologie : cabane

    Localisation : Faverges au bord de l'eau morte

    Maitre d'ouvrage : Festival des cabanes

    Dossier: FAR

    Phase: concours en collaboration avec Arno Bovar, Fabien Peter, Lina Graven

    Date: 2024


    Le chemin de gravier qui mène à l’emplacement n°6 est entouré d’une épaisse végétation. En un point pourtant, les arbres s’éclaircissent offrant ainsi au promeneur une vue sur la rivière de l’Eau Morte. Nous voici sur le site. Au pied du talus qui borde le chemin, le panorama est encadré par deux grands arbre. Un mince filet d’eau serpente sur un lit de cailloux. Mais ne vous y trompez pas ! Les traces sont là, l’eau monte parfois presque jusqu’au sentier. Et chaque année on imagine le ruisseau devenir torrent, privant l’accès à cette partie de la rive. Ce lieu invite à la halte: Observer, jouer, pique-niquer, c’est une bulle tranquille et insoupçonnée sur ce parcours.   INSPIRATION Au détour de la promenade forestière, sur le bord de l’eau morte, se blottit le héron sur la rive. Là, immobile, calme, pétrifié, rappelant les fossiles de ses ancêtres, il se chauffe les ailes dans sa posture de chasse qu’il conserve patiemment au gré des fluctuations de l’onde. Dans cette longue attente, il guette les crues et les sécheresses, il regarde s’écouler le temps dans l’eau morte. Au bord du lit de pierre, le héron désespère. Il se protège sous l’ombrelle de ses ailes. Elles qui naguère pourvoyaient le contraste nécessaire à sa pêche, projettent aujourd’hui l’ombre de ses espoirs taris. Dans les brumes matinales pointe une ligne d’arêtes courbes dans les bosquets. Il est là, enroulé dans son enveloppe ailée, qu’il approche du sol sans jamais le toucher. Aux yeux de tous, il se donne un air digne sous l’inclinaison de son enveloppe, gardant un port altier dans les articulations noueuses de son ossature, dont le coeur rayonne tel l’ensoleillement d’une journée d’été. Dans cet étirement figé, l’entrelacs des plumes laissent entrevoir, sous une pudeur dissimulée, des intériorités secrètes. Le temps se suspend ne serait-ce qu’un instant dans ce lieu, pour profiter de ce point ténu de la rencontre du chemin au cours d’eau, du soi au paysage. Les deux pattes ancrées dans le sable laissé par les alluvions de vase qui se sont en allés, il invite les promeneureuses à l’imiter, les prenant sous son aile. Juché sur ses échasses, il leur permet d’observer, écouter, et faire corps avec son milieu. On y découvre une invitation à descendre entre ses pattes, tels des héronneaux, pour enfin sortir la tête entre les courbes de ses plumes, douces, et regarder la rivière : l’eau est-elle revenue ? PARTI PRIS Le site qui nous a été attribué étant à côté de la rivière l’Eau Morte, nous nous sommes inspirés du héron, échassier souvent observé sur les rives des cours d’eau. Son immobilité et le rapport avec l’eau nous ont charmé. Le travail du bois dans la tradition savoyarde des colombes de la paix nous a intéressé pour la forme extérieur de notre cabane, qui rappel à la fois les courbures des ailes des colombes en épicéa et la forme des ailes du héron noir dans sa position signature, celle de l’ombrelle. Il utilise ses ailes pour former une ombrelle qui crée une zone à l’abri du Soleil. Les poissons croyant trouver un refuge à l’ombre deviennent des proies de choix pour l’échassier fatal, qui n’a plus qu’à projeter son bec à travers la surface de l’eau. L’eau morte de notre lieu n’apporterait plus de proies au héron qui serait alors resté figé dans sa position d’ombrelle. Les promeneureuses sont donc invitées entre ses ailes pour contempler le paysage et attendre le retour de l’eau. Il peuvent se rendre dans le lit de la rivière en descendant l’échelle cachée entre les pattes du héron. PRINCIPE CONSTRUCTIF Inspirée du corps du héron, la structure se divise en deux parties. La structure primaire comprend les pattes et le bas du corps. L’enveloppe est constituée du squelette et du plumage. Structure primaire Deux poutres plantées obliquement dans le sol viennent reprendre parallèlement la pente du talus. Elles sont unies par des marches, les contrevenant tout en permettant un accès vers le niveau bas du talus. Deux poutres horizontales, ancrées sur le sol au niveau haut du talus, viennent se poser en leur milieu sur l’extrémité haute des poutres obliques. Ces horizontales viennent accueillir un plateau de trois plis, sur lequel un plancher rayonne autour du trou d’accès à l’échelle, reliant le centre de la cabane au bas du talus. Enveloppe Faite d’une succession de cadres rayonnants formant le revêtement de la cabane, chaque cadre est constitué d’une base avec une lambourde horizontale, d’une lambourde inclinée et d’une planche inclinée. Les lambourdes viennent tenir en deux points la planche qui constitue le revêtement extérieur de la cabane, le plumage des ailes du héron. Les cadres proches du chemin et de l’entrée de la cabane, hauts et élancés, s’abaissent et s’allongent au fil de leur rayonnement vers le cours d’eau, créant une différence d’inclinaison et de hauteur entre chacun des cadres. Ces derniers sont reliés entre eux par des petits tasseaux de contreventements, fixés entre les lambourdes obliques, unissant alors chaque aile.